documentation sur l’abandonnisme

Ne maitrisant pas encore très bien la gestion de mon blog, je poste des articles que je trouve très interessants et en lien direct avec la problématique de l’abandonnisme. Celui ci est tirée d’une page internet http://www.analyse-intégrative-re.com. En voici le contenu:

 

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La Névrose d’Abandon – Josette REV0LON

 

Pourquoi certaines personnes ont-elles peur d’être abandonnées et d’où leur vient cette peur?

Qu’est ce qui fait que parfois elles abandonnent de peur d’être elles mêmes abandonnées?

Pourquoi certains patients oublient-ils leur séance quand arrivent les vacances, ou bien décident d’arrêter pour ne pas se retrouver seul? Que rejoue cette peur? Que dit-elle de leur histoire ?

 

Nous allons essayer de comprendre comment cette peur s’est mise en place.

 

A la naissance, si tout se passe bien, le bébé, soigné, bercé, caressé, aimé par sa mère et son entourage se développe normalement. La relation à la mère dans un lien d’amour réciproque conditionne la structuration de l’image narcissique de base chez l’enfant, _lui permet d’édifier et de renforcer son moi pour ne plus s’angoisser quand elle s’éloigne et facilite aussi l’émergence de son identité.

 

Il vient au monde avec un capital pulsionnel (pulsions de vie et de mort) et pour atteindre le plaisir, son Moi tient compte de la façon dont il va faire avec la réalité. Certains enfants sont très vulnérables aux frustrations et deviennent des névrosés de l’abandon. On les rencontre en thérapie mais on ne peut pas tout de suite les classer comme tels car c’est parfois un état chronique remontant à l’enfance qui a perturbé le caractère et le comportement et qui devient intolérable quand les circonstances extérieures réactivent l’angoisse.

 

Comment en prenons-nous conscience ?

 

Dans « La névrose d’abandon » Germaine Guex explique que de la privation initiale d’amour et de sécurité affective, naît le sentiment d’abandon, compte tenu cependant des facteurs constitutionnels. Il y a des individus qui sont positifs aimants, dont l’enfance gâchée a atteint la personnalité mais qui ont des virtualités et s’ils ne se laissent pas déstabiliser par la réalité insécurisante, si le présent leur donne amour et sécurité, peuvent encore croire à une réparation. D’autres _négatifs agressifs, se mettent en situation de victime du passé qu’ils ne parviennent pas à oublier. Rancuniers, pensant à ce qu’ils auraient pu être s’ils n’avaient pas été détruits par les autres, ils grossissent le sentiment d’irréparable qui les fait se déprécier eux-mêmes sans conscience de leur infantilisme. Le traumatisme des premières années s’est fait avant la construction du Moi et ils n’ont pas le sentiment de valeur de leur propre soi.

 

Comment s’installe le sentiment de non valeur ?

Comment passe-t-il de la notion d’exister à celle de valeur ? Quels en sont les critères ?

 

L’enfant abandonnique recherche l’amour et doute de lui-même, cela inhibe la relation et l’insécurise. Il a des angoisses paralysantes et reste un prématuré de la vie qui a du mal à s’adapter à la réalité car habitué au malheur, il ne peut croire au bonheur. Adulte, il se déprécie en raison de la carence d’amour infantile, provoquant lui-même l’abandon car il ne perçoit pas que la cause de son échec vient de lui, de son insécurité dans sa façon d’agir avec les autres. Se dévalorisant lui-même il survalorise autrui. Moins il croit en lui, plus il trouve des raisons d’en douter. Se croyant exclu, en dehors de tout lien, il s’exclut lui-même par peur ou indignité. Méfiant, il devient un mendiant de l’amour. Le refus d’engagement et le maintien dans l’exclusion dont il souffre, renforcent son masochisme et le poussent à faire tout ce qu’il faut pour que la catastrophe arrive. N’avoir aucune place confine dans la solitude et la souffrance de l’exclusion. Cela vient d’un besoin primaire d’appartenance et d’intégration à un tout.

Il a peur de se montrer tel qu’il est, d’ennuyer ou de déranger, croyant qu’il ne mérite pas qu’on l’aime. Son attitude n’attire pas l’attachement alors il camoufle son être authentique profond. Il redoute l’intimité et donne le change pour se rassurer de l’angoisse du lien.

 

Il a l’angoisse de la solitude. Il se sent vulnérable, a peur de souffrir, alors il n’ose pas vivre et ne s’engage pas par peur des responsabilités. Il croit que le drame de son enfance est « de la faute des autres » Tous ces comportements montrent un manque de respect et d’intérêt pour soi. Il l’exige des autres mais n’a pas d’estime de lui-même et d’amour qui va jusqu’à un certain masochisme auto destructeur renforçant le sentiment de non valeur. Hanté par la peur de perdre l’amour il s’en protège par +des mesures positives : dévouement, asservissement à autrui pour garder le lien en évitant désaccord et affirmation de soi. La peur de perdre l’amour l’oblige à refouler son agressivité et il ne peut prendre conscience de son sentiment de haine. Il essaie de conserver ce qu’il possède par « accrochage » et +des mesures négatives, il refuse de s’engager, de faire confiance et de prendre le risque d’aimer. Il rejette les relations affectives il « décroche » et l’angoisse l’amène à détruire pour ne pas perdre, il abandonne pour ne pas dépendre d’autrui.

 

Le patient abandonnique a un certain sadisme et masochisme que Freud a mis en évidence.

Il refoule, puis dirige contre lui le sadisme primitif dirigé contre autrui. Il refuse l’image parentale qu’il a sous les yeux et crée une image idéalisée dont l’empreinte et les répercussions sont profondes. Déçu, il voudrait des parents « comme ceux qu’il désire et non comme ceux qu’ils sont ». Cela lui demande une défense inconsciente contre son agressivité et le culpabilise. Il a peur de la rupture du lien. L’oedipe n’est pas forcément franchi, il marque un changement de but et d’objet dans le jeu de pulsions et avec l’abandon, il structure la névrose.

Piaget pense que l’adulte et l’enfant font tous les deux appel à la pensée magique.

 

Quelles sont les exigences de cette pensée magique?

 

Ils ne considèrent pas l’intention et s’en tiennent à l’apparence des faits. N’intériorisant pas la relation affective, leur sécurité extérieure est constamment menacée. Ils se meuvent dans l’absolu et ont des besoins qui ne peuvent être assouvis, trop avides, ils deviennent exigeants et agressifs. La plus grande preuve d’amour qu’ils réclament c’est non seulement d’être compris mais devinés. Ils n’expriment ni désirs, ni besoins car si l’autre les aime il doit les comprendre et sinon ce sont de virulents reproches angoissés. Ils mettent à l’épreuve pour faire la preuve du manque d’amour de l’autre, renforçant la rancoeur. L’agressivité devient plus directe et les rend malheureux.

 

A quoi ces exigences sont-elles liées?

 

Elles sont liées à la méconnaissance de l’intention car toute relation affective repose sur la confiance réciproque. Le manque de sécurité intérieure et un égocentrisme primaire abolissent son sens du réel et il croit à la toute puissance de l’autre.

 

Par quoi, pense-t-il, pourrait être guéri son mal d’amour absolu ?

 

Il a des exigences d’absolu, sans limites car il aspire à une relation fusionnelle avec l’autre. Etre aimé pour toujours, son attachement n’admet ni absence ni partage : Tout ou rien, exigence tyrannique et agressive.

 

A quel moment cela s’est-il passé ?

 

Il est resté fixé au stade d’enfance traumatique et moins il agit, moins il ose agir. Il prolonge cet état d’irresponsabilité pour avoir emprise sur l’autre et l’asservir à ses besoins. Dans le domaine affectif, les abandonniques semblent ne pas être parvenus au raisonnement objectif. Comme des enfants préoccupés de leur sécurité affective et maternelle, ils sont parfois dans l’impossibilité de partager car ils ont un sentiment de solitude. Leurs besoins affectifs demandent beaucoup d’énergie et ils se mettent en défense. La relation de l’enfant à la mère frustrante ne correspond pas à son besoin de sécurité.

 

Freud parle du masochisme moral et Odier dans « L’angoisse et la pensée magique » dit que si l’identification au moi généreux des parents ne s’est pas faite normalement c’est parce que les parents ne pouvaient pas être des modèles. Il parle du masochisme affectif primaire dans la constitution de la personne. Le moi conscient renforce le sentiment de non valeur de soi-même et donc la rancune. Ses angoisses sont comme les terreurs de l’enfant face à des objets ou des êtres de toute puissance maléfique. Le masochisme affectif s’appuie sur la pensée magique. Agressif, il se détruit psychiquement dans l’espoir inconscient d’atteindre les parents « coupables » du manque d’amour.

 

Comment se manifeste ce masochisme ?

 

Il peut parfois accentuer sa dépendance jusqu’à se mettre en position d’échec, et devenir alors une sorte de « raté » qui est pris en tenaille entre un désir conscient de réussir et un souhait inconscient d’échouer. Il voudrait être heureux mais s’inflige des souffrances dont il cherche à culpabiliser l’autre pour le blesser. Ses symptômes d’autodestruction, son insécurité intérieure l’obligent à nourrir sa méfiance sinon il se donnerait et serait abandonné, croit-il.

L’agressivité de l’abandonnique qui est un appel à l’amour rebute plutôt qu’elle n’attire.

 

Son moi reste infantile, dans l’insécurité profonde, incapable de se réaliser. Cette non valorisation est un état psychique chronique qui cache de sourdes compensations L’enfant perd l’estime de soi quand il perd l’amour et le retrouve quand il retrouve l’amour.

 

Fénichel dans « La théorie psychanalytique de la névrose » en 1945 dit que cette peur (de perdre l’amour) est plus intense qu’elle ne le serait si elle représentait seulement un jugement rationnel à propos d’un danger réel en raison du fait que la première estime de soi dépend d’apports extérieurs, de telle sorte que la perte de l’aide et de la protection signifie également la perte de l’estime de soi « Un moi qui est aimé se sent fort, un moi délaissé se sent faible et exposé au danger » Il fait une relation entre une enfance heureuse et le sentiment de valeur personnelle. L’enfant est un tout (pensées, affects, pulsions) on ne peut comprendre son évolution instinctuelle et affective que si on se préoccupe aussi de sa pensée aux différents stades de son développement.

 

Il y a différents types d’abandonniques

Les abandonniques simples, adultes n’ont pas de fixation oedipienne ni d’instance surmoïque qui assurent les liens affectifs mais sont dépendants du besoin primaire de sécurité. Ils sont, pour une part de leur psychisme, comme des enfants, incapables d’adaptation car l’affectivité primant sur la sexualité, ils ont plus besoin de sécurité que de relation. Ils n’ont pas de Surmoi freudien, dérivé de l’oedipe mais un Surmoi plus archaïque avec des interdictions rigides et un moi très faible. Ils pratiquent soit l’auto érotisme sexuel tel que l’auto érotisme oral (gourmandise, besoin de sucer) correspondant au stade infantile auquel ils sont restés ou bien l’hétéro érotisme. Mais dans ce cas, la vie sexuelle n’est pas valorisée, c’est un moyen de chercher de la sécurité et de la tendresse qui peut être une menace, elle est abhorrée par la femme abandonnique qui a l’impression que son mari se sert d’elle.

 

Elle peut même ressentir alors la relation sexuelle comme un manque d’amour. La sexualité n’est pas « tabou » mais elle n’est pas sortie du stade de différenciation de l’enfance. Elle pense que si son partenaire l’aimait, il comprendrait et serait plus tendre. L’inquiétude empêche la détente, elle a peur que l’autre l’abandonne et elle n’ose pas s’abandonner elle-même dans le plaisir et craint la rupture du lien. Peu portée sur la sexualité, parfois frigide, elle fait souffrir son compagnon. Si elle accepte la relation c’est pour satisfaire l’autre mais cela n’éveille pas son désir et le couple vit des conflits. Souvent la femme recherche la mère, fixation sur le même objet du désir et besoin d’amour.

 

L’homme lui a besoin d’être aimé de la mère comme un enfant et il a une attitude féminine passive, son Moi est faible, ses instincts assurent la sécurité sans atteindre le stade génital. Il adapté son comportement de sécurité.

 

Les abandonniques complexes structurés par les besoins primaires de sécurité ont un système d’interdictions (sans caractère sexuel) de leur Surmoi qui les conduit à l’abandon. Ils recherchent l’amour dans l’image maternelle. Ils n’ont pas de Surmoi oedipien et sont tyrannisés par des interdictions qui contrecarrent leur recherche d’amour. L’enfant adapte sa conduite à l’attitude des parents pour favoriser la tendresse. Ils élaborent un Moi Idéal qui devient un code moral de sécurité d’une grande rigueur avec de fortes interdictions.

 

Les abandonniques mixtes sont soumis à la fois à la régulation affective et ses interdictions et aux interdictions de l’oedipe régies par le Surmoi. Leurs traumatismes de frustration se sont produits après l’oedipe et l’abandon traumatique s’élabore en névrose. Ils manquent de sécurité, l’abandon domine. Le Moi se stabilise et l’oedipe réapparaît dans les rêves nocturnes et fantasmes. L’abandon devient traumatique parce qu’il est intolérant à la frustration. Son Moi refuse de s’engager dans la différenciation, l’autonomie car il a peur de la solitude et de la perte d’amour.Cela provoque des attachements hésitants, toujours prêts à régresser à la mère.

 

Pourquoi ce Moi Idéal fait-il si fortement autorité et ces identifications pré oedipiennes sont-elles si contraignantes ?

 

L’identification première à la mère se transforme en un code rigide. Quand les identifications sont douloureuses, qu’elles éveillent chez l’enfant infériorité et danger, elles s’accompagnent d’angoisse car ne pas s’identifier ferait perdre l’amour.

 

Comment cela se passe-t-il chez la fillette abandonnique ?

 

Dans le cas de la fillette abandonnique, l’attachement oedipien ne se fait que si le père a un caractère tendre, sensible avec des composantes féminines. Même quand il devient objet d’amour oedipien, il joue le substitut de la mère. Elle lui fait la cour et plus tard sera une femme enfant à l’égard de cet homme qu’elle choisira sensible et affectif. S’il est viril, cela réveille son inquiétude d’isolement, elle se détourne de lui et reste fixée à la mère qui capte son affectivité profonde et il devient un rival « en situation d’oedipe inversé. Si le père a favorisé l’attachement oedipien, la mère est le premier objet frustrant, sécurisant dont elle a peur de perdre l’amour, elle est la femme du père dont il est interdit de prendre la place. Cherchant la tendresse que la mère ne lui donne pas, elle fait une fixation sur le père, préjudiciable car elle a changé d’objet mais pas de but et risque de répéter et d’être une femme enfant pour l’homme dans ses attachements masculins.

 

Comment cela se passe chez l’homme ?

 

L’oedipe et l’angoisse d’abandon rendent la névrose plus complexe. Lorsque l’homme aime une femme, elle a le même sexe que sa mère qu’il aimait à la naissance, ce qui rend l’évolution affective plus facile. Il est difficile de préciser les facteurs d’attachement du garçon pour sa mère et de distinguer si les élans vont à la mère sécurisante ou à la première image féminine sexualisée. Les hommes qui ont une névrose d’abandon présentent souvent une fixation masochiste sur la mère.

 

Que devient l’oedipe, création masochiste à l’égard de la mère frustrante ?

 

Il faut tenir compte de ce qui déclenche la névrose d’abandon (type de mère, psychologie de l’enfant, défenses du Moi) Le garçon passif ne conquiert pas la mère ni ne cherche à éliminer le père car ce serait une attitude beaucoup trop virile face à lui. La femme qui est très attachée à sa mère a du mal ensuite à être attirée par une personne de l’autre sexe.

 

Quels sont les facteurs structurels dans la névrose d’abandon ?

 

La peur de la castration et le sentiment de culpabilité permettent la formation d’un Surmoi qui provoque un conflit dans le Moi entre les pulsions instinctuelles et les exigences familiales ou culturelles. C’est une angoisse primaire car l’enfant ne peut ni satisfaire ses besoins, ni se défendre contre les menaces du monde extérieur. Son Moi utilise des mécanismes de défense (projection et introjection) Par peur des frustrations « tabou » il régresse au stade d’impuissance primaire et son Moi envahi par l’émotion ressent le malheur inévitable. Dans le développement habituel il y a un passage des stades, oral, anal et génital normal mais si l’enfant est fixé à un stade, il ne peut passer au suivant et cela bloque l’évolution.

 

Il est important de voir comment cela s’est passé au stade oral et anal

 

L’avidité et la possessivité sont déjà présentes dans la nature du sujet. La mère symbolisant la satisfaction orale et affective l’oralité est toujours présente et recherchée de façon inadéquate. La libido a besoin de sécurité dans ses comportements affectifs et instinctifs et elle trouve des issues sur le plan physique et sentimental. Leur attitude affective (tendances captatives et possessives de l’oralité et analité) empêche de passer à l’oblativité du stade sexuel. L’oralité agressive peut aller jusqu‘au masochisme ou sadisme (opposition, négativisme, méfiance, revanche)

 

Comment se forme et évolue la structure psychique de la névrose ?

 

Sous l’action de l’angoisse et de la poussée pulsionnelle et affective des différents stades, la personne ressent une infériorité due au facteur constitutionnel Le noeud du problème vient d’une indisposition à s’adapter qui amène un état d’angoisse affective morbide et de dévalorisation sans que sa vie ne soit plus difficile que celle d’une autre mais présentant une forte affectivité et un besoin possessif d’être aimée avec intolérance à la frustration (privation, absence, partage) une avidité organique et une anxiété psychique. Hypersensible, elle a peur du changement, une grande avidité, gloutonnerie affective. La mère doit donner preuve de son amour. Si le lien est menacé cela déclenche son désespoir ou sa révolte. Sa sécurité s’effondre, elle ne peut renoncer à l’absolu.

 

L’attitude affective des parents

 

Le bébé cherche la satisfaction de ses besoins auprès de ses parents mais des causes extérieures peuvent rendre inefficaces leur amour et il s’adapte difficilement à la réalité. S’il est victime d’un manque de compréhension, il s’angoisse. Se sentant abandonné, il adopte :

l’infériorité, (je ne vaux pas qu’on m’aime) ou la culpabilité (je suis méchant, c’est de ma faute, on ne peut pas m’aimer). Il aura une attitude d’infériorité ou tendance à se sentir responsable.

 

Quels sont les facteurs qui favoriseront son évolution ?

 

La présence et la sollicitude des parents indispensables au sentiment de sécurité pendant l’enfance permettront la confiance, l’estime et la valeur personnelle en soi pour accéder à l’équilibre et l’autonomie s’il n’a pas un psychisme infantile faussé.

 

Comment faire avec les abandons traumatiques?

 

Nous voyons qu’un milieu familial défectueux, ou des circonstances qui ont créé le sentiment d’abandon (maladie, accident) provoquent une angoisse chronique et la névrose s’installe. Il est rare que le traumatisme joue le rôle essentiel. Il y avait une insécurité latente, une angoisse que la trahison d’amour a réveillée. La plupart du temps, le traumatisme a révélé les choses morbides qui ont développé la névrose.

 

Quels sont les symptômes de l’angoisse d’abandon ?

 

L’abandonnique a une avidité énorme et n’est jamais satisfait quelle que soit la peine qu’on se donne. C’est un état constitutionnel avec un manque affectif parental et une situation traumatique qui déclenchent l’angoisse d’abandon. Quand son Moi sera constitué et qu’il sera fort il pourra limiter cet appétit démesuré.

 

Comment s’apercevoir qu’on est en face d’un patient qui souffre d’abandonnisme en thérapie?

 

Le patient qui souffre d’abandonnisme ressent toujours une angoisse d’abandon qui réactive le traumatisme et fait resurgir la peur de la solitude et de l’abandon. L’interprétation des symptômes d’angoisse, de peur d’abandon est un travail délicat. Il manifeste de l’agressivité primaire qui peut disparaître en cours de traitement dans ses pensées et actes car il n’est jamais complètement rassuré par quelqu’un qui lui donnerait confiance. Il a une totale avidité de perdre son objet d’amour et ne quitte la position d’attaque que pour celle de défense car il serait trop dangereux de désarmer. Se vengeant du passé, il fait subir à autrui ce dont il a souffert. Les exigences de son besoin d’amour sont sans limites, frustré il revendique toujours, demandant réparation. Quand il a été analysé, il se dégage des fixations infantiles (rêves, fantasmes) exprime une poussée oedipienne qui s’accompagne d’un épanouissement de la féminité ou de la masculinité chez la femme ou chez l’homme.

 

Pourquoi cette poussée oedipienne à retardement ?

 

Est-ce la réapparition d’une fixation oedipienne latente contrecarrée par l’angoisse ?

Est-ce un élan amoureux pour le parent de sexe opposé à cause de la libération de l’angoisse ? Le patient peut ressentir une relation affective dans la différenciation sans menace parce qu’il est compris pour la première fois tel qu’il est. Le traitement remplace la méfiance par la sécurité et la compréhension, et permet de reprendre l’évolution jusqu’à la maturité.

 

Cette phase oedipienne marque un tournant dans l’évolution. Le patient passe de l’oedipe frustré à l’oedipe vécu, il croit à l’idée de vraie relation avec choix.

 

La névrose d’abandon dépend de sa constitution, de l’attitude affective des parents et du ou des traumatismes répétés.

 

Le thérapeute peut parfois être surpris de sa violence et de son agressivité. De cette privation d’amour naît l’insécurité affective, compte tenu des facteurs constitutionnels. Il peut être rancunier, obsédé par le manque, attendant que l’autre apaise sa souffrance, cherchant à combler le vide, agressif pour le dommage subi ou à la pensée de la satisfaction.

 

Le traitement thérapeutique ?

 

Il dépendra du degré de masochisme (pulsions de mort) qui chez certains est constitutionnel, sans joie ni plaisir, mais chez d’autres réactionnel et à côté des tendances destructrices, il peut y avoir un goût pour la vie. de l’agressivité qui peut aussi être réactionnelle ou constitutionnelle, il faut s’assurer qu’il y a collaboration, pas de narcissisme encombrant et un réel désir de guérison.

de l’aptitude à aimer car il a une intensité de sentiments mais il doit maintenant être prêt à surmonter le passé, s’accepter comme il est et passer à une attitude compréhensible et constructive pour sortir du narcissisme blessé.

 

La relation thérapeutique propose une nouvelle relation stable de confiance réciproque rendant au patient son pouvoir et sa responsabilité.

 

Que se passe-t-il quand il y a interruption de la thérapie (absences, vacances, maladie)?

 

Elles sont plus importantes que pour les autres névrosés car elles sont symbole d’abandon et déclenchent l’angoisse et font revenir à des noeuds défensifs (agressivité, détachement, masochisme) Les vacances peuvent servir de repère vers une attitude moins possessive si elles sont prévues à l’avance comme pour un enfant passant de l’attitude captative agressive à l’attitude aimante oblative. Il faut évaluer ses capacités pour éviter que le positif aimant revendique et le négatif régressif vide sa rancune car il a horreur du partage et ses réactions de jalousie sont dues au transfert. Quand le Moi sera assez fort, la résistance à la réalité donnera une sécurité.

 

Il pourra liquider l’angoisse et se passer du thérapeute dont la personnalité et l’équilibre permettront la valorisation des sentiments normaux et la confiance réciproque. Le patient pourra choisir un objet d’amour dans le respect humain.

 

La thérapie passe par 3 phases

  • 1ère phase : le patient cache l’infantilisme de son affectivité lié à l’angoisse d’abandon
  • 2ème phase : le comportement se modifie, il ose être authentique.
  • 3ème phase : réapparition du matériel oedipien

 

Comment différencier le matériel appartenant à la phase oedipienne ou pré oedipienne ?

 

Si le thérapeute reste au matériel oedipien du début de la thérapie, cela empêche de revivre la fixation maternelle primaire de régresser au fondement de sa névrose. Le matériel oedipien constitue une résistance pendant le traitement. Il garde les retranchements infantiles profonds du patient et l’incite à pousser l’analyse vers la culpabilité et la rivalité sexuelle et non vers l’énorme résistance d’amour propre qui le retient face à ses besoins, terreurs, colères de petit enfant.

L’attachement pré oedipien est structuré en fonction de la sécurité et non de la sexualité génitale, stade évolutif vers l’état adulte.L’opposition demeure entre les désirs de l’enfant et les besoins de l’adulte et le patient est dissocié.

 

Des symptômes prêtent à une double interprétation, dans le vécu infantile féminin. Suivant Freud cela peut être la castration avec envie de pénis qui donne de l’agressivité vis-à-vis de l’homme et une frustration synonyme de manque d’amour et peur de l’abandon chez la fille L’oedipe, la fixation au père masque le déplacement de la recherche d’amour maternel. Le père assure la sécurité et le conflit entre femmes cache la recherche d’amour de la mère.

 

Il a fait une découverte géniale. L’oedipe et son dépassement (car il est lui-même insécurisant) marque pour le patient abandonnique le premier pas hors de l’enfance et de l’insécurité. Il permet de délimiter, les stades de développement humain, les étapes de l’affectivité et la structuration du Moi.

 

La thérapie est la seule méthode pour le délivrer de son angoisse profonde et permettre l’adaptation au réel car il a conscience de son infantilisme et son enfant terrorisé augmente la culpabilité et la honte qu’il refoule, accentuant les conflits profonds.

 

En fin de cure?

 

Il faut une grande souplesse car le patient est vulnérable aux frustrations et prédisposé à l’angoisse. Il est utile de l’entraîner à la sécurité par des jalons, des dates prévisibles, espacer les séances pour lui donner sécurité affective et autonomie.

 

Différencier l’acte et l’intention d’un sentiment d’amour pour passer à l’intériorisation et faire confiance à ceux qu’on aime, penser relation affective, faire des choix relationnels pour donner une nouvelle sécurité intérieure stable qui ne dépend plus des autres mais de lui-même. Etre authentique et s’accepter comme il est pour aller vers sa vie sans peur mais avec beaucoup de joie de vivre.

 

La guérison en psychanalyse classique

 

Jusqu’à maintenant, il cherchait désespérément l’amour de l’autre pour compenser le passé, par les satisfactions infantiles de son besoin d’amour absolu car son Moi était le seul objet. La liquidation de ses mobiles névrotiques le désarme car sa vie a perdu sa raison d’être et n’a plus de sens. Il sombre dans une profonde dépression car il faut qu’il accepte de retraverser cette souffrance infantile avec un Moi Adulte fort. Il se sent usé, vieilli, il vit une sorte de deuil de lui même. Le réemploi de l’énergie par des satisfactions adultes et un changement de l’image de base lui permettront d’oser regarder en face sans être retenu par la peur. Il fait une nouvelle adaptation au réel et la crise ne sera pas une régression mais une croissance.

 

En AIRE cela se traite aussi par l’évolution du transfert qui change les imagos internes que le patient a intégrées à l’intérieur de lui pendant son enfance. Il peut les projeter sur le thérapeute (son père détesté ou sa mère idéalisée) les remettre en jeu pour les vivre autrement.

 

Cela est facilité dans le RE car lorsqu’il se trouve aux prises avec la méchante sorcière, par exemple, cela est symbolique de son passé. Le patient, en relation avec son thérapeute fait un transfert sur lui et le thérapeute doit travailler cela intérieurement mais pas de façon visible ni verbalisée. Il peut garder une bienveillance un peu « maternelle » pour la personne et en même temps une inflexibilité « paternelle » sur le cadre et envers les mécanismes de défense du patient. Intérieurement, il refuse de rentrer dans le jeu et est à l’aise avec les 2 types de fonctionnement, à la fois accueillant (fonctionnement féminin) mais

ferme sur la loi (fonctionnement masculin).

 

L’état d’esprit du thérapeute est capital, il doit travailler intérieurement ces 2 aspects, bienveillance envers la personne et intransigeance avec les mécanismes de défense.

S’il a déjà traversé ces phases difficiles, il sait qu’on en ressort indemne et que cela est nécessaire pour se débarrasser de la souffrance. Il sera serein et pourra accompagner tranquillement son patient, lui permettant de réaliser qu’une partie de lui va mal et qu’une partie cependant veut changer. Cela se joue dans leur intrapsychique mais le thérapeute doit faire attention de ne pas réagir et de ne pas se laisser entraîner par son contre transfert.

C’est sa qualité d’être et son positionnement intérieur qui permettront au patient de changer ses images à l’intérieur de lui et d’évoluer dans sa vie.

 

Dans une psychanalyse classique on traite surtout par le langage mais le RE, quant à lui, donne accès aux vécus primaires.

 

Le thérapeute accepte humblement d’accompagner le patient vers ses vécus archaïques, de non sens, d’affects violents, d’angoisse de morcellement, d’amour et de haine. Dans le rêve éveillé le patient affronte le paradoxe qui n’a pas besoin d’être expliqué, il crée lui-même ses images qu’il fait seul en présence du thérapeute et laisse libre cours à toute sa violence, actif et passif dans un monde à la fois réel et imaginaire. Le thérapeute accompagnant son patient dans ses vécus primaires peut voir les points de base de sa personnalité.

 

Une théorisation élaborée autour de l’oedipe l’handicaperait, il faut se laisser aller dans le flou de sa pensée infantile, le vécu de non sens car il est plus important de contenir que d’interpréter. On peut comprendre quand on a vécu des choses traumatiques mais on ne peut pas s’en débarrasser si on ne les revit pas si on ne les retraverse pas pour les terminer différemment. Il faut revivre ces affects douloureux pour terminer l’histoire autrement. Le thérapeute doit être un bon contenant pour permettre justement au patient de revivre ses vécus archaïques perturbants sinon il n’y a pas de restauration possible

 

Balint dans « le défaut fondamental dit : Ce mélange de profonde souffrance, d’absence de combativité et une ferme résolution d’avancer montre que le travail atteint le niveau du « défaut fondamental » qui vient d’une disproportion considérable entre les besoins psycho physiologiques de l’enfant pendant son développement précoce et les soins, l’affection dont il a disposés sur le plan matériel et affectif.

 

Winnicott dit qu’il ne faut pas dénouer le paradoxe qui doit s’épuiser de lui-même mais le RE évite ce risque car il va mettre en représentation l’impensable et l’impensé.

Le bon positionnement du thérapeute ne suffit pas, il faut aussi un cadre solide pour régresser vers la douleur, la transformer et s’intéresser au traumatique, à l’intrapsychique dans lequel se débat le patient. Il pourra s’autoriser à régresser dans des affects très forts en RE.

 

Ce qui va favoriser la régression du patient c’est la facilité réceptive du thérapeute qui est humble, au service du mouvement de l’inconscient du patient. Il doit se laisser mener extérieurement mais être très actif à l’intérieur de lui pour insister sur les mécanismes de défense qui s’ils sont trop forts empêcheront la régression.

 

Cette régression sera facilitée dans tous les RE

  • classique : le patient remet en scène quelque chose de déjà vécu qu’il termine autrement
  • archaïque : ressemble à ce qu’il a vécu in utero et dans les premiers mois de sa vie.
  • cathartique : la personne revit quelque chose de fort qui lui est arrivé pour le terminer autrement et cela aura des effets immédiats dans sa vie.
  • mystique : relié à tout ce qui vit pour se mettre en lien avec une bonne image maternelle primaire.

 

Le psychisme du patient s’appuie sur le thérapeute, bien positionné intérieurement et lorsqu’il change lui-même, cela peut aussi aider le patient à changer.

Il y a un vrai travail en commun, une sorte de mélange des psychismes, une transmission inconsciente.

 

Cela permet à la relation de confiance réciproque et l’alliance entre le thérapeute et le patient d’évoluer pendant la cure. Ils se rejoignent et le patient peut faire une nouvelle expérience symbolique et correctrice dans le RE qui peut l’amener à prendre conscience de ses peurs archaïques et de les revivre et terminer autrement.

Je vais joindre le RE d’une patiente qui a un syndrome d’abandon et qui lui a donné ce titre :

LA MAISON ABANDONNEE

Je vois un paysage obscur, sombre, je ne vois pas grand-chose en fait. Je vois une maison, une grosse maison. Le sol est en bois. Il y a des arbres, une route, des lampadaires. Je cherche à rentrer dans la maison. J’active la poignée. Il n’y a personne. Je pénètre à l’intérieur. C’est une maison inhabitée, usée, pleine de toiles d’araignées, un plancher, de la poussière. Les meubles aussi sont usés. Il y a un tapis, usé aussi. C’était une belle maison mais qui a été laissée à l’abandon. J’avance dans la salle à manger. Il y a une grande pièce abandonnée aussi, sale, non, elle n’est pas sale mais poussiéreuse. Je ne connais pas cette maison, je la découvre. Elle est grande, poussiéreuse, il y a de la lumière, je vois tout ça avec une lumière faible dehors. La nuit tombe. C’est la saison de l’hiver, l’automne hiver. Je ne crois pas que quelqu’un habite, non, il n’y a personne.

Je suis dans la grande pièce mais il n’y a pas de vie autour de moi, NON Je vais essayer de monter à l’étage pour découvrir. J’arrive sur des chambres délabrées aussi, délabrées, abandonnées, il n’y a personne. Je ne rentre pas dans les chambres, je regarde du couloir. La dernière porte est à demi ouverte, comme en bas, il y a des toiles d’araignées, de la lueur mais pas de vie, pas d’êtres vivants. Il y a un chat qui chasse les souris. Il n’y a plus de vie, il reste seul. Ceux qui vivaient là, les propriétaires ou les locataires sont partis, ils ont abandonné la maison qui est restée seule avec le chat dans cette maison. Il y a de la poussière, cela me fait éternuer. Je suis au premier étage, dans le couloir je regarde les 3 4 chambres. Cela ne m’apprend rien de cette maison vide, il n’y a personne. Je n’ai pas le choix de rester ou de sortir. Je vais ressortir, je préfère plutôt que de rester dans cette maison. Je sors sur la route légèrement éclairée, je rentre chez moi, c’est petit mais éclairé.

 

Dans ce premier RE la patiente exprime vraiment tout son sentiment d’abandon car elle se trouve absolument seule dans une grande et belle maison abandonnée qui représente, sans doute, un certain état de son psychisme.

 

 

En conclusion: Dans une cure, il faut qu’il y ait une bonne alliance entre le patient et le thérapeute qui travaille son positionnement intérieur. Le patient accepte de régresser, de retraverser les choses douloureuses pour les terminer autrement et cette régression facilite le transfert et le contre transfert qui deviennent plus visibles et peuvent se travailler alors. Les expériences émotionnelles correctrices se déroulent symboliquement dans le RE et dans la gestion correcte du contre-transfert.

 

 

BIBLIOGRAPHIE

M. BALINT : « Le défaut fondamental » PAYOT 1968

FENICHEL : « La théorie psychanalytique de la névrose » PUF 1945

Germaine GUEX : « La névrose d’abandon » PUF 1950

Ch. ODIER : «L’angoisse et la pensée magique » Delachaux&Niestlé 1948

J. PIAGET : « Le jugement et le raisonnement chez l’enfant » Delachaux&Niestlé 1924″

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